![]() |
|
|
|
|
Col
Jérôme Cavalli
|
Témoignage
Léon Llamas |
Monsieur
Léon LLAMAS, Domicilié à
Granges les Beaumont, dans la Drôme est l'unique témoin connu
de la fin tragique de Jérôme CAVALLI . Il a bien voulu pour nous relater les circonstances de ces moments poignants , car malgré le temps passé , il n'a rien perdu des souvenirs du soir du 3 février 1943 au camp immense de THELEPTE dans le sud tunisien où étaient regroupées les forces aériennes interalliées pour combattre l'ennemi en Afrique du Nord Monsieur Llamas, dans sa modestie, na jamais réclamé la moindre distinction et il me semble que, un tel personnage mériterait un hommage tout particulier en regard de tant dautres pas toujours autant méritants, mais plus ingénieux pour décrocher des titres honorifiques et parfois en faire collection. Monsieur Llamas a eu une carrière dans la Drôme car il y a 30 ans à quelque chose près, il est entré comme directeur à la Centrale E D F de Beaumont Monteux, soit La Vanelle ou il réside toujours avec son épouse de 97 ans. Je pense orienter mes efforts pour réparer cette lacune avant quil ne soit trop tard. Gaston Emery, Président de En Envol avec Jérôme Cavalli. |
|
Le
jour où CAVALLI est parti là haut .
C'était au
mois de Février 1943, le 3. 20 ans plus tard le
déroulement de ma carrière m'a conduit dans la Drôme,
où je vis depuis. Je
ne me doutais pas que c'était le pays de CAVALLI, jusqu'au jour
où une page du Magazine du Conseil Général de la
DRÔME n° 46 de janvier-février 2002 vienne réveiller
en moi ce douloureux souvenir. Ce contact m'a permis de retrouver un pilote que j'ai connu à Casablanca à l'Escadrille LA FAYETTE en 1942 (année du débarquement des Américains), le Lieutenant Colonel Jean GISCLON auteur entre autre du merveilleux livre "Chasseurs au Groupe LA FAYETTE du Nieuport au Thunderbolt" Léon LLAMAS.
Nota : L'auteur de la retranscription a tenu à restituer le récit dans le respect rédactionnel de l'auteur , afin de préserver ses moments émotionnels que l'on ressent intensément . . |
|
Né le 24 Mai 1922 en Algérie à HARDY (Département dAlger) dans une ferme quexploitait Pauline SERVAIS, veuve de guerre, qui avait perdu son mari Victor HAISSANT aux Dardanelles en lui laissant deux filles (pupilles de la Nation).
Carlos LLAMAS, né dimmigrés espagnols, maçon, illettré, fut embauché par la veuve Pauline HAISSANT pour la seconder. Celle-ci le dégrossit et lui apprit à lire. Quand Carlos eu 21 ans, il opta pour la nationalité Française et fut enrôlé dans lArmée Française pour accomplir son devoir. Libéré en 1921, il revint chez la veuve HAISSANT. Ils se marièrent et je naquis de cette union. Lexploitation dune ferme nétant le fort ni de lune ni de lautre, ils abandonnèrent le métier de fermier et mon père reprit son métier de maçon. La petite famille vint habiter à ORAN, à savoir : maman, papa, mes deux demi-surs et moi. Pendant son service militaire (incorporé dans les Zouaves ) il avait participé à la guerre du RIF au MAROC. Là il avait appris quil y avait du travail dans ce pays qui naissait. Il revint seul et se fit embaucher aux mines de plomb : LAOULI sur lOued Moulouya. Quand il eut gagné assez dargent pour notre voyage, il nous fit le rejoindre. Il nous installa dans un logement de fonction à MIBLADEN, un fortin bordj entouré par des murs de pierre dune hauteur de six mètres que je le vis lui et dautres maçons construire. Nous étions en 1926. Javais alors 4 ans. Ensuite nous avons habité MIDELT, mes parents minscrivirent au catéchisme. Jai été enfant de cur durant 9 ans Reçu au C.E.P. en 1932, mes parents me mirent en apprentissage chez un tailleur vestimentaire, il était grec. Cela fut très enrichissant. Le village de MIDELT étant une garnison et en 1935 le soumission du Sud Marocain étant chose faite, les militaires quittèrent la ville. Le patron étant tailleur militaire se voit obligé de quitter la ville. Je me fis embaucher par un mécanicien automobile, chose que je navais pu faire avant, ce métier nécessitant une certaine force physique. Au bout de deux ans, je quittais MIDELT pour aller à MARAKECH chez ma demi-sur. Jai continué à minstruire sur le tas dans différentes disciplines : automobile et industrie. Avec la guerre de 39-40, beaucoup de gens furent mobilisés et les jeunes furent très sollicités pour remplacer les hommes partis. Période très enrichissante au point de vue métier, jai appris beaucoup de choses et devant les problèmes mon esprit dinitiative sest développé à vitesse Grand V. Les années ont passées et avec les déboires de la pauvre France occupée, en Afrique du Nord, les commissions darmistices, etc. . Les jeunes devaient se présenter pour servir dans les chantiers de jeunesse. Avec tout ce que javais appris en tant que mécanicien auto, électricien, basse et moyenne tension, permis de conduire, tailleur vestimentaire, je voulais trouver mieux que de casser des cailloux !!!! pour mettre sous le passage des roues .. Il ny a pas de sot métier, mais je voulais mieux. Et jai appris que lArmée de lAir engageait des volontaires. Me voilà donc parti à FEZ pour mengager pour une durée de quatre ans, au C.I.E.V.A.M. (Centre dInstruction des Engagés Volontaires de lArmée de lAir au Maroc). Au bout de trois mois, jeu la chance dêtre affecté au G.C. 2/5 (Groupe de Chasse) Escadrille des SIOUX à CASABLANCA., le 2 janvier 1942. Là jai rencontré des AS de Chasseurs, jeunes qui sétaient distingués en 1939-40. Jai été affecté comme aide mécanicien sur lAvion Curtis P 36. Tout allait bien pour moi. Un jour, le poste de police menvoya au hangar où je travaillais, un planton pour me signifier de my rendre. LA !!! Surprise !!Je reconnu un militaire sergent chef du Train. Il était lépoux dune fille avec qui javais usé les bancs de lécole de MIDELT. Ils venaient minviter au baptême de leur fils nouveau-né. Hélas, je ne pouvais accepter linvitation car ce jour jétais de défilé en ville. Le défilé eu lieu comme prévu et quelle ne fut pas ma surprise quand je vis le papa du bébé à baptiser qui avait assisté en tant que badaud au défilé. Il était venu au moment où nous montions en camion pour rejoindre la base aérienne. Il demanda au chef pilote LEGRAND ( 1er AS de Guerre) de me libérer, ce qui fut fait. Je remettais à un copain mon fusil et mes accessoires et je partis avec mon hôte. Ce jour-là, ma vie prit un autre sens !
Arrivé chez sa belle sur qui les hébergeait depuis la naissance du bébé, quand je la vis ce fut le coup de foudre.. Elle est par la suite devenue mon épouse, non sans mal. Un engagé ne se marie pas ou difficilement, aujourdhui cela fait 68 ans que nous le sommes. Elle avait à lépoque 30 ans, moi, je venais davoir 20 ans. Elle était veuve depuis trois ans et mère dun enfant de neuf ans. Au sein du groupe de chasse quelques soldats furent désignés pour passer le permis de conduire automobile. Bien que titulaire du permis civil auto et moto, je faisais partie du contingent délèves le permis civil nétant pas valable dans larmée). Très vite les instructeurs voyant mon degré de savoir, me désignèrent comme aide instructeur en cours de conduite, code de la route et connaissance mécanique. Après les examens du permis de conduire, je fus affecté, au sein de lescadrille, comme permanent au hangar et locaux de lescadrille sur le terrain. A partir de ce moment là, je nai pas dormi en chambre, javais un coin dans le magasin technique. Un peu plus tard, mi octobre, je fus remplacé à la permanence pour rejoindre dans la chambre le peloton de candidat caporal. Comme dans ma seizième année, javais suivi les cours de préparation militaire, je faisais figure honorable au peloton de caporal. Je tiens à signifier ici, que linstructeur qui nous formait, le sergent-chef REBOUL, allait par la suite jalonner mon parcours. Nous étions ce jour le 7 novembre 1942, javais eu une permission de nuit. Javais rendez-vous avec mon coup de foudre, nous avions convenu de nous retrouver devant le cinéma VOX à CASABLANCA. Tout heureux, un peu fébrile, je me prépare comme pour une revue de détails. Je sortais avec un copain pour aller à la ville (8 Km.) à pieds bien sûr, à cette époque on ne disposait pas de transports en commun. Nous allions, le copain et moi vers le poste de police pour faire enregistrer nos permissions, quand je me rendis compte que dans la préparation de la Revue de détails, javais oublié de prendre un mouchoir. Je disais au copain : je retourne à la chambre prendre un mouchoir !. Lomission réparée, je revins au poste de police. Je tendis ma permission au sergent de garde qui me la confisqua « La base est consignée, lordre vient darriver, rejoignez votre chambre ! ». Je sortis du bureau dépité davoir manqué la sortie pour un mouchoir. Mon copain venait lui, après avoir fait enregistrer sa permission de passer devant le poste de garde. De loin, il me fit signe. Je lui fit comprendre de filer. Et je retournais à ma chambre. A cette époque, il était impossible de joindre quelquun par fils ou téléphone. Je passais une nuit pleine de regrets. En ville, mon coup de foudre était venu au rendez-vous, ou elle a cru que je lui avais posé un lapin. Pensez, il y avait à lentrée du cinéma une centaine daviateurs qui eux avaient eu la chance de sortir de la base avant larrivée de lordre de consignation. Le lendemain matin, 8 novembre 1942, cétait le débarquement des Alliés Américains. A quatre heures du matin on a sonné le réveil nous ordonnant de nous rendre à nos unités. Cétait le Débarquement des Alliés. Nous avons essayé de faire face à ce débarquement selon les ordres de Vichy, via le canal de la Résidence Générale à Rabat qui na pas vu limportance de cette flotte et qui ne pouvait pas se douter de ce qui arrivait. Un de nos pilotes : ladjudant-Chef Verrier en revenant dune mission de reconnaissance nous a dit ceci : « On ne voit plus la mer, il ny a que des bateaux à perte de vue ». Jugez de lordre ridicule quand celui-ci parvint à notre petite escadrille (2/5 Cigognes et Sioux) de repousser ce géant de mers. Et le Débarquement eu lieu ! Dans les jours qui suivirent les autorités militaires américaines, se souvenant de La Fayette, nous équipèrent en matériel neuf pour remplacer nos P. 36 dont un grand nombre avaient été descendus au cours de ce baroud immanquablement voué à léchec . Nos pilotes ont opposés une belle résistance aux « Gruman »équipés de mitrailleuses de 13/2 alors que nos vieux Curtis P. 36 qui sétaient déjà bien battus en Campagne de France avaient perdus beaucoup de « plumes » Nos pilotes également ont laissé aux Américains une impression très vive. Ils ont même cru que nous étions des allemands vu notre féroce acharnement. Nous avons alors été pris sous légide de lU S Air Force pour les seconder en Tunisie contre les armées de Rommel en Lybie. Nous étions basés sur un terrain interallié de Thélepte : vaste plateau sec, au sud du pays, à 800 mètres daltitude entre les cols de Kasserine au nord et de Ferriana au sud. Lennemi venait périodiquement faire des raids dincursions de mitraillage et bombardement en même temps. Et un de ces jours là, une bombe fut fatale à deux pilotes CAVALLI et COISNEAU. |